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- J'me d'mande
bien si je vivrai jusqu'en 2006
- J'ai treize
ans et pour l'instant rien à signaler
- Ni tumeur ni
leucémie faut pas s'affoler
- Mais je
guette à chaque instant le premier
indice
- Le premier
signal bénin qui m'annoncera
- Qu'il faut
s'attendre à passer de vie à trépas
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- Bien sûr je
n'me souviens pas de la vie là-bas
- Mais maman
m'a raconté l'évacuation
- Il parait
que je pleurais ma poupée chiffon
- Je n'savais
pas qu'elle était un danger pour moi
- Comment croire
qu'on avait fait au cours de la nuit
- De
ma vieille poupée chérie un sombre
ennemi
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- Toi
aussi tu as soudain débarqué ici
- Au
milieu des voies ferrées et des cheminées
- Dans
cette banlieue provisoire en préfabriqué
- Où
la vie a fait de toi ma meilleure amie
- La
compagne de tous mes jeux complice et fidèle
- Tu
était en quelque sorte ma presque
jumelle
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- J'voudrais
pouvoir oublier ta lente agonie
- Nos
visites à l'hopital dans la salle
commune
- Ton
sourire désespéré sans révolte aucune
- Les
médecins désabusés restant indécis
- Les
pénuries de morphine et tes dents serrées
- L'inexorable
calvaire qui t'a emportée
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- Je reste
avec ma colère vaine et inutile
- Mes
souvenirs et mes cauchemards teintés
d'impuissance
- Je vis une
interminable cruelle latence
- Comme une
condamnée à mort en sursis fragile
- Tu m'as
laissé en partant ton envie de vivre
- Mais aussi
comme un fardeau la peur de te suivre
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- Olga !
- On avait
trois ans toi et moi
- Au mois
d'avril le vingt-six
- A Pripyat en
quatre-vingt-six
- Maintenant
il ne reste que moi !
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- Olga !
- On avait
trois ans toi et moi
- Au mois
d'avril le vingt-six
- A Pripyat en
quatre-vingt-six
- Maintenant
il ne reste que moi !
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- Olga !
- On avait
trois ans toi et moi
- Au mois
d'avril le vingt-six
- A Pripyat en
quatre-vingt-six
- Maintenant
il ne reste que moi !
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